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Test / Critique/ Essai/ Review
Atmogen
S'il te plaît, dessine-moi un son...
(cliquer pour agrandir)
Musique et image sont deux univers qui ravissent nos sens, et entre lesquels nous sommes tentés d'établir des passerelles - Rimbaud chantait les correspondances qu'il discernait entre les voyelles et les couleurs - . Se servir de graphismes pour créer des sons n'est pas une idée neuve, mais elle est plus facile à caresser qu'à réaliser. C'est le but d'Atmogen (programme pour PC - il a un cousin sur Mac - ), mais il faut tout de suite vous prévenir : ce n'est pas parce qu'une image est jolie qu'elle donnera naissance à des sons intéressants. Scannez une photo de l'être que vous aimez, sur fond d'un charmant paysage, soumettez-la à ce genre de logiciels : le résultat risque fort de ressembler à une bouillie sonore incohérente. Mieux vaut créer un fichier via le programme graphique incorporé, en tenant compte des règles du jeu.
Ces règles ne sont d'ailleurs pas bien compliquées.
1. Plus un pixel est clair, plus il suscitera un volume élevé. C'est pourquoi nos petits dessins afficheront tous un fond noir, sauf si vous voulez assourdir vos auditeurs : le noir correspond en effet au silence. Si votre dessin consiste en quelques lignes sur un fond clair, cela fera résonner toutes les fréquences pendant toute ou presque toute la séquence - en d'autres termes, on entendra un bruit blanc tout le temps, ce qui n'est probablement pas la recette du succès -.
2. Plus un pixel tend vers la couleur verte, plus le son se situera à gauche du panoramique stéréo. Inversément, et contrairement à ce qui se passe dans le monde politique, plus la couleur tend vers le rouge, plus le son se situera à droite. Pour viser le centre, c'est un beau jaune qu'il faudra sélectionner dans votre palette.
3. Quant à la hauteur du son, c'est la hauteur du pixel dans le document graphique qui la détermine. Généralement, un pixel haut suscite un son haut, mais cela peut se nuancer ou s'inverser, comme nous le verrons.
Autant dire que les dessins créés dans Atmogen et dans les programmes semblables ne sont pas follement variés, mais ce n'est pas leur but. Il faut les concevoir comme des séries de commandes envoyées à un synthétiseur, au même titre que des données Midi. C'est pourquoi il vaut mieux laisser dormir, au moins au début, votre programme favori de dessin, et utiliser plutôt les outils graphiques compris dans Atmogen : ils sont conçus en fonction de cet objectif musical, et pas dans celui de flatter les yeux.
Nous parlions de commander un synthétiseur : Atmogen, tout graphique qu'il soit, est un logiciel de synthèse additive. Chaque ligne de pixels y joue le rôle d'un oscillateur (jusqu'à 1024 maximum). Atmogen ne se contente pas, comme la plupart des logiciels de ce type mais meilleur marché, d'une forme d'onde sinusoïdale. Vous pouvez non seulement sélectionner des formes d'onde classiques, mais encore en dessiner (et les sauvegarder) sur un graphique à barres verticales (32 partiels) comme on en trouve sur la plupart des synthétiseurs additifs. Voilà qui permet de rompre avec le son un peu creux fréquent en synthèse additive visuelle. On peut d'ailleurs réaliser une "composition", la sauvegarder, puis modifier radicalement la forme d'onde et sauvegarder à nouveau : le fichier aura un tout autre caractère. Il peut être intéressant de mêler des éléments des deux versions. Ce genre d'échange est d'autant plus facile qu'Atmogen peut ouvrir de nombreux fichiers en même temps.