Graffiti, le site de Tom Goldschmidt

Ces pages reprennent celles de mon ancien site Inspira-Sons,
qui fut consacré à l'électro-acoustique et à la musique assistée par ordinateur.
J'ai récupéré le contenu de ces pages suite à certaines demandes.
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Bob Moog :

mort d'un nom commun

 

Bob Moog

Bob Moog est mort.

Vous trouverez sur le Web des milliers de pages relatant sa biographie, décrivant ses créations, etc etc. Nous n’ajouterons pas un inutile caillou à cette pyramide.

Nous vous avions proposé de lui transmettre un message de sympathie pendant sa maladie, nous n’avons pas été les seuls : le site de l’hôpital Caringbridge a reçu 83.787 mails.

Pourquoi une pareille popularité, une telle aura pour … un ingénieur ? Un bonhomme qui a commencé par bricoler des circuits, suivre de l’œil des aiguilles sur des cadrans, et jouer du fer à souder ? Qui a passé son existence à créer des instruments beaucoup plus chers et plus compliqués qu’une guitare, et à les vendre - ce qui est quand même nettement moins glamour qu’une moue de Mick Jagger - ? Et qui est devenu tellement apprécié qu’on lui a consacré voici peu un film ! Un documentaire (« Moog ») signé Hans Fjellestad, et à propos duquel on trouve ici quelques notes qui valent un moment de réflexion :

Bedonnant, passablement ébouriffé, et d’une totale modestie, cet homme de 70 ans est, quel que soit son génie technologique, un humaniste de la vieille école. Il est aussi un peu inquiétant, il vous donne l’impression que son cerveau est déjà trois pensées en avance sur vous, plutôt que lié à l’un ou l’autre sujet. Cet aspect de sa personnalité vaut au film quelques-uns de ses moments les plus intéressants, par exemple quand Moog explique comment il « peut sentir ce qui se passe à l’intérieur d’un élément d’équipement électronique ». Au bout du compte, le vrai miracle Moog n’est pas le synthétiseur. C’est plutôt la philosophie de Moog de la relation entre les êtres vivants et la technologie, et dont les instruments électroniques ne sont qu’une manifestation. »

Des Bob Moog, à première vue, il y en a eu des tas. Raymond Kurzweil, Tom Oberheim, Alan R. Pearlman, Tsutomu Katoh ... , tous créateurs d’instruments et de firmes, avaient à la même époque - les sixties - retroussé leurs manches pour touiller dans un chaudron magique d’où allaient sortir des harmoniques encore ignorées.

Brochure annonçant le Minimoog
Oui mais, j’ai su que Keith Emerson jouait d’un « moog » bien avant que je ne connaisse le mot « synthétiseur » (pour ne pas parler des marques Oberheim, Kurzweil ou ARP).Comme les neuf dixièmes de ma génération (perseverare diabolicum : Relativity Records a encore sorti en 1999 un CD anthologie « Best of Moog »), je ne savais pas que le terme, devenu comme Frigidaire ou Aspirine un nom commun, était en fait un nom propre, celui d’un homme, d’une compagnie, d’un modèle d’instrument, et qu’en ce qui concernait l’instrument je n’utilisais même pas le vocable complet .

Je n’aurais pas dû dire un « moog », mais un Minimoog.

Et entre un Moog et le Minimoog, il y avait un bouleversement.

Jusqu’en 1970, les synthétiseurs, Moog comme autres, étaient d’effarantes usines à gaz, des modulaires qui remplissaient la moitié d’une pièce, coûtaient une fortune et étaient intransportables. En extraire un solo impliquait, en guise de préliminaires, sur ces machines sans mémoires, un véritable chemin de croix. Réservé aux happy few : stars millionnaires ou expérimentateurs subsidiés. Et pratiquement réservé aux studios : ces monstres étaient aussi transportables qu’un cachalot, encore qu’Emerson ait baladé un Moog Modular sur quelques scènes, avant l’arrivée du Mini.

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© Tom Goldschmidt
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pics: www.bigfoto.com

 

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