Test / Critique/ Essai/ Review
Synful Orchestra
Adieu échantillonneurs ?
Symphonique : c’est le mot du jour, le mot de l’année. Chacun ou presque publie aujourd’hui son instrument virtuel censé reproduire à la perfection les performances d’un grand orchestre ou d’un instrument classique. Le plus souvent, il s’agit de lecteurs d’échantillons dans lesquels on a injecté d’énormes bibliothèques de « samples ». Mais quelle que soit la qualité de ceux-ci, obtenir un phrasé quelque peu réaliste devient problématique dès que l’on va au-delà de quelques grands accords plaqués sur fond de réverbération.
Nous avons mentionné voici peu Synful, insérable VST ou DXI (Windows ; version Mac annoncée pour juillet 2005) qui choisit une voie différente : pas d’échantillon, pas de modélisation, mais une technologie particulière, « Reconstructive Phrase Modeling » (RPM). Les exemples audio fournis sur le site sont étonnants de réalisme et de naturel. Les auteurs de Synful ne cachent pas leur satisfaction : fini, écrivent-ils, de se livrer à un pénible jeu de meccano en fouillant dans une librairie limitée d’articulations enregistrées. Quand vous jouez une phrase dont certaines notes sont liées et d’autres détachées, quand vous placez des accents, des nuances de pédale, notre programme répond par des liés, des effets d’archet ou de langue… correspondants. Si vous jouez staccato, Synful Orchestra créera des attaques de notes staccato. Il modèle automatiquement les transitions entre les notes, il crée du vibrato en utilisant des techniques statistiques sophistiquées et non en chargeant un fichier audio statique.
Bref, à lire http://www.synful.com/SynfulOrchestra.htm , les échantillonneurs sont, en ce qui concerne les instruments expressifs, des dinosaures condamnés à l’extinction.
Notre info a titillé la curiosité de Mario Litwin, particulièrement bien placé pour s’intéresser à la question puisqu’il est compositeur de musique de films (il est également titulaire du beau site http://www.mariolitwin.com , de quelques autres sites, et contributeur émérite au principal site francophone d’information sur Cubase, http://www.espace-cubase.org/ ). Il a essayé Synful, a fait connaître sa première impression sur l’une des listes de discussion publiées par l’Espace Cubase , et nous a aimablement autorisé à la reproduire ici, ce que nous faisons avec reconnaissance.
« Le programme est un simple synthé RPM et n’occupe que 45 mega octets.
Pour l'instant je n'ai essayé que le violoncelle. Je le trouve vraiment génial, les possibilités expressives sont immenses, surtout en jouant au clavier à partir de la vélocité, des liés, de la pédale d'expression, de la molette de modulation et du pitch. Un vrai jeu de claviériste. Rien à voir avec les abstruses « key switches » qui ne font que changer d'échantillon.
Prenons des exemples, le système va chercher des algorithmes de jeu en fonction de la vélocité et du lié. Une fonction utilisable seulement en mode séquence va chercher les paramètres de jeu futurs pour ajuster le jeu actuel. (Cela crée un délai d'une seconde. Conséquence : il faut décaler la piste).
Le pitch bend ne modifie que la première note jouée et se réinitialise tout seul. On n'a donc pas besoin de transposer pour s'adapter à la nouvelle tonalité après un pitch sans retour. On garde la molette de pitch enfoncée et on continue le jeu normal dans la même tonalité. (NDLR : ce mode spécial peut être enclenché ou déclenché - auquel cas la molette ou le levier de pitch retrouve son comportement traditionnel -).
Des réglages, malheureusement non contrôlables par MIDI(*) modifient le timbre, les attaques, salissent les sons et on est obligé de les améliorer par le jeu, ce qui correspond exactement à la réalité d'un archiste. Le résultat est on ne peut plus réaliste.
Une chose m'a impressionné, du point de vue
psycho-acoustique : les sons s'intègrent parfaitement avec d'autres sons MIDI et sonnent encore plus réalistes dans le contexte. A l'inverse des échantillons.
Il n'y a pas de sons d'ensemble mais la notice conseille de créer différentes pistes avec différents paramètres de vélocité compensés par la pédale d'expression, afin que le système utilise des algorithmes différents. Je n'ai pas encore essayé. On peut dupliquer les instruments autant de fois qu'on veut, à concurrence de nombre du contrôles program change disponible. Chacun prend alors un nouveau numéro de program change.
Je n'ai pas encore essayé les autre instruments (bois, cuivres et cordes, tous en solo).
(*) Mais la notice conseille de créer plusieurs pistes découpées avec différents paramétrages. Ce qui est en fait plus clair qu'une automatisation. Pour une fois la simplicité s'impose face au progrès technologique à outrance. »
Voilà, si vous voulez en savoir encore plus, écoutez des exemples, téléchargez une version de démonstration et le mode d’emploi, tout cela sur le site http://www.synful.com/ . Et si vous êtes convaincu au point d’acheter Synful Orchestra, il vous en coûtera 479 dollars US. C’est un prix équivalent à celui des gros lecteurs d’échantillons avec lesquels Synful semble engager le combat du siècle.
