Test / Critique/ Essai/ Review
Reaktor 5 (1)
Un univers musical
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Reaktor, ce n’est pas un synthétiseur. Ni un échantillonneur. Ni une boîte à rythmes, ni un séquenceur ni un effet… Acheter Native Instruments Reaktor pour disposer d’un synthétiseur, ce serait un peu comme d’acheter General Motors parce qu’on a envie d’une nouvelle voiture.
General Motors construit des voitures. Reaktor construit des synthétiseurs. Et des lecteurs d’échantillons. Et des boîtes à rythmes, des séquenceurs, des effets… L’ennui, c’est qu’il ne les construit pas tout seul ; il a besoin d’un maître, d’un architecte, et vous êtes prié de remplir ce rôle, ce qui ne va pas nécessairement de soi.
Reaktor, c’est une boîte de Meccano. C’est une énorme collection d’éléments (modules, éléments, macros, ensembles…) susceptibles d’être agencés de façons aussi variées que parfois surprenantes pour devenir des programmes musicaux. Dans un monde où l’on a tendance à se dire « Bon, on a dû créer tout ce qu’il est possible de créer en matière d’instruments virtuels », la joyeuse équipe de Native Instruments et ses supporters s’évertuent à prouver le contraire : les instruments qu’ils créent à l’aide de Reaktor suscitent obstinément la surprise. Si vous voulez les égaler, il vous faudra un solide apprentissage. Mais cela ne signifie pas qu’il faille cinq ans d’étude avant de mettre les mains dans le cambouis : de petits bricolages peuvent s’avérer fort utiles. Par exemple, fusionner en un nouvel ensemble un synthétiseur et une chaîne d’effets qui lui conviennent est bien pratique et fait gagner du temps. Reaktor permet de travailler au niveau des grands ensembles comme des petits éléments, surtout depuis cette version 5, qui introduit une nouvelle dimension.
Donne-moi ton core
Jusqu'à présent, l'élément le plus petit manipulable dans Reaktor était le module. Aujourd'hui, il est possible de descendre plus loin dans l'infiniment petit., jusqu’au niveau « core » (cœur, essence). Ce domaine sera réservé à ceux qui répugnent à charger une enveloppe ADSR – c’est trop simple, voire vulgaire -, et préfèrent importer les composants de l’enveloppe séparément, ou créer leurs propres filtres plutôt qu’utiliser ceux fournis avec le programme. Ceux-là, reconnaissables à leur menton volontaire et à leur regard d’acier, ne faibliront pas devant les 110 pages du supplément « core tutorial » qui accmpagnent désormais les 455 pages du mode d’emploi. Ils ne cilleront pas devant la formule « F = 2* π*f c / f Sr » et ont droit à ma profonde estime et à la garantie que je ne viendrai jamais les déranger dans leur paradis technoïdal. Ces « tweakers » (chipoteurs) ne doivent pas être si rares, puisque Native Instruments s’est trouvé sous la pression de ceux qui menaçaient de quitter Reaktor pour Synthedit, dans lequel on peut travailler à ce micro-niveau.
Encore une fois, jouer les Einstein du si bémol n’a rien d’obligatoire. Citons le mode d’emploi :
- Si vous n’êtes pas intéressés par l’idée de créer vos propres ensembles, travaillez au niveau « ensemble » (en d’autres termes, utiliser ceux déjà existants) ;
- Si vous voulez assembler vos instruments favoris en un ensemble, travaillez au niveau « instruments » ;
- Si vous voulez créer vos propres instruments en utilisant des blocs de construction préparés, travaillez au niveau « macros » ;
- Si vous voulez contrôler jusqu’au moindre petit paramètre de votre création, travaillez au niveau « modules ».