Graffiti, le site de Tom Goldschmidt

Ces pages reprennent celles de mon ancien site Inspira-Sons,
qui fut consacré à l'électro-acoustique et à la musique assistée par ordinateur.
J'ai récupéré le contenu de ces pages suite à certaines demandes.
Vous trouverez probablement des liens morts ou autres défauts.


 

Vous pouvez vous abonner à une lettre (par e-mail) qui vous informera, une ou deux fois par mois, des nouvelles parutions sur le blog .

Google Groupes
S'Abonner à la Lettre
de Tom Goldschmidt
E-mail :

Inscrivez votre adresse e-mail dans le champ "E-mail".

(Veillez à ne pas placer d'espace avant ou après l'adresse, en la dactylographiant ou en effectuant un copier-coller, sans quoi vous recevrez un message d'erreur).

Cliquez "Je M'Abonne"...

Vous recevrez un courriel de confirmation. Cliquez sur le lien qu'il contient. Et voilà ! Il est bien sûr loisible de se désabonner d'un clic. Vous pouvez aussi être prévenu/e à chaque parution en cliquant "Messages (Atom)" au bas de la page d'accueil du blog.

 

[an error occurred while processing this directive]

Les Réponses

de Robert Normandeau ...

... à propos du Festival Acousmatique 2007 de Bruxelles.

Q: "Le Festival s'ouvrira par un exposé de François Bayle, qui si j'en crois le dossier de presse "décortique le concept "Acousmatique"" (NB Depuis, le sujet s'est précisé) . Voilà - et ce n'est sans doute pas un hasard - un festival de musique qui commence par ... des mots, de la parole, de l'analyse. On imagine mal un festival de musique baroque ou de blues commençant de semblable manière. A quelque 60 ans, la musique acousmatique est-elle toujours en train de se chercher, de tenter de se cerner, d'essayer de se définir  - interrogation quelque peu adolescente - ?

Robert Normandeau
R : L'acousmatique est encore relativement jeune si on la compare à la musique baroque. Mais imaginons l'état de la connaissance de cette dernière au moment de la naissance de la musique acousmatique. À l'époque on jouait Bach à l'orchestre symphonique et Rameau au piano. Peut-être qu'une conférence aurait été utile!!!

Q : ... Et encore, cet exercice aura lieu devant ses amoureux et familiers - qui restent rares -  . A votre avis, pour quelle(s) raison(s) une musique qui peut se montrer aussi chatoyante, aussi séduisante, reste-t-elle pourtant la flamme précieusement conservée par une si petite tribu ? ".

R : Parce qu'elle est radicalement différente de la musique d'interprétation. Parce qu'il n'y a rien à voir. Parce qu'elle relève d'un art poétique, d'un art de l'introspection plutôt que de l'expression. Parce qu'elle est en marge de l'industrie culturelle et plus particulièrement de celle de la musique contemporaine qui reprend les mêmes modes de présentation que la musique dite classique.

Mais elle n'est pas seule responsable de sa marginalisation et la situation a beaucoup changé depuis 15 ans. Nous vivons dans une époque du divertissement, de l'instantané, du fugace, du jeune et dynamique, du passager. Or cette musique mérite et demande qu'on s'y attarde, qu'on prenne notre temps, qu'on la médite, qu'on se laisse bercer par elle.

Quand pour la dernière fois l'un d'entre nous s'est-il assis confortablement dans son fauteuil avec pour seul projet de mettre un disque et de l'écouter au complet sans rien faire d'autre? Sans rien présumer de vos réponses, je me fierai à mon entourage pour répondre : c'était au siècle dernier!

Les médias électroniques ont aussi leur part de responsabilité. Nos musiques ne sont plus diffusées ou alors à des heures tellement marginales que cela est équivalent.

En général on eut aussi ajouter que peu de professionnels — producteurs de disques ou de concerts — s'intéressent à nos musiques car il n'y a pas d'argent à faire avec. Surtout à l'époque de la techno. Donc notre activité s'en trouve d'autant marginalisée.

Mais il peut que la situation actuelle ne soit que le reflet d'une époque «yé-yé» comme celle qu'a connu la chanson dans les années 60,  où les Brel Ferré et Brassens ont été marginalisés, ou disco dans les années 80, où le rock progressif est disparu de la scène.

Ici au Québec, à Trois-Rivières, une petite ville, se tient depuis 1985 un festival de poésie. Entreprise suicidaire direz-vous? Et bien en 2005, en 10 jours ils ont accueilli 40000 spectateurs !!! Peut-être que les gens se remettront à chercher du contenu dans un avenir rapproché. Personnellement je trouve plus facile d'initier un public amateur à la musique acousmatique qu'à la musique instrumentale contemporaine par exemple.

Q : "J. F. Minjard utilise dans sa réponse - même si c'est avec des guillemets - le mot "bruit". Le terme "son" serait beaucoup plus fashionable.

R: Le festival s'appelle tout de même l'espace du son!

Q : ...Mais par exemple P. Schaeffer organisait des "concerts de bruit", et il n'est pas le seul à montrer de l'affection pour ce terme. "Bruit" est-il utilisé par provocation ? Pour prendre au mot ceux qui diraient "Ce n'est pas de la musique, c'est du bruit" (comme les nobles des Pays-Bas avaient fièrement repris l'épithète insultante de "Gueux" que leur avaient lancée certains espagnols) ? Ou pour souligner la filiation avec la musique concrète qui puisait l'essentiel de son matériau dans des enregistrements de phénomènes réels, matériels et extérieurs au monde musical, comme la porte de P. Henry ?

R : Je crois que la discussion ici pourrait s'élever un tout petit peu. Le fait que certains la considèrent comme du bruit relève d'un point de vue passéiste qui date des années 60.
On sait qu'on peut faire de la musique avec tous les sons existants peu importe la catégorie à laquelle ils appartiennent.

Pour reprendre la comparaison avec la techno mentionné dans mon message précédent, il est clair que pour la jeune génération cette discussion est totalement obsolète dans la mesure où le «bruit» est complètement intégré dans leur paysage sonore et qu'il ne leur viendrait jamais à l'idée de traiter les musiques acousmatiques de bruit. Question d'époque et de générations sans doute.

Q : Et à ce propos, comment les créez-vous, vos "bruits" ? Avez-vous un schéma de travail, une façon de faire qui vous est chère ? Effectuez-vous une distinction de principe entre sons de synthèse et sons enregistrés ?

R : Personnellement je demeure très attaché à la prise de son, ne faisant qu'exceptionnellement des sons de synthèse.

Ma façon de travailler est à peu près toujours la même depuis plus de 20 ans.
Trouver un titre d'abord! En effet c'est à travers lui que se manifeste et se résume le propos de l'oeuvre, sa matériologie, les balises et les contraintes que je m'impose afin de guider mon travail dans le fouillis indescriptible du sonore. L'œuvre naît ensuite peu à peu, de la rencontre des matériaux entre eux, des agencements qui en résultent et des formes qui apparaissent à la lumière, en surface si je puis dire. Puis il y a le concert, la première, les avis, la réception du public et des pairs et le travail qui reprend.......... (j'anticipe déjà!)

Q :

Oups, je glisse de mon trône d'impartialité journalistique pour avancer une opinion : quand vous écrivez "il est clair que pour la jeune génération cette discussion est totalement obsolète dans la mesure où le «bruit» est complètement intégré dans leur paysage sonore et qu'il ne leur viendrait jamais à l'idée de traiter les musiques acousmatiques de bruit.", j'éprouve des doutes. Je pense que pour la majorité d'entre eux, l'acousmatique sera "bruit", pas pour des raisons d'origine ou de morphologie des sons, mais que "ce ne sera pas de la musique" parce qu'ils n'y retrouveront aucun de leurs référents familiers : ni le boum-boum "four to the floor" de la grosse caisse (électronique), ni les breaks de la caisse claire (électronique), ni la pulsion viscérale des infra-basses, ni les arpèges mécaniques des synthés, ni la rigidité rythmique extrême, intangible, ni la répétition permanente de cinq ou six éléments immuables que l'on agence et permute à coups de copier-coller et de delete. Je pense que la remarque s'appliquerait beaucoup plus à une fraction de leurs parents bobos, qui écoutent Robert Fripp ou Brian Eno et autres faiseurs d'ambient relativement expérimentateurs...

R :

Il se peut que je ne fréquente qu'un frange particulière de la jeunesse d'aujourd'hui, celle qui fréquente l'université. Elle est nombreuse, éclectique, diversifiée. Et ne souffre guère les classifications étroites. Qui donc, malgré une exposition à la culture populaire ambiante, sait distinguer le tien du mien et ne formalise pas de l'absence de bass-drum. Cela étant dit, si je puis prendre mon propre exemple pour illustrer la situation je vais le faire de la façon suivante. Il y a quelques années, Richard James alias Aphex Twin, m'a contacté pour publier un CD de mes musiques sous son label Rephlex. Comme moi avant lui, il avait remporté le Prix Ars Electronica et s'intéressait aux musiques électroacoustiques. Il possédait à l'époque toute la collection empreintes Digitales et toute celle du GRM. Lors du lancement du disque à Londres en 2000, un concert a eu lieu pour lequel les 250 places se sont vendues en... 3 heures! Moyenne d'âge: 22 ans (à l'oeil)! Je ne crois pas que persone dans la salle n'avait jamais entendu le mot électroacoustique. Pour eux j'étais un poulain de l'écurie Rephlex et non pas de l'écurie empreintes Digitales (ils ne serait probablement pas venus sous cette appellation)! Non seulement personne n'est sorti du concert (en octophonie), mais beaucoup de jeunes sont venus me voir après curieux de ma musique et pour me féliciter.

Je raconte cela simplement pour dire que le clivage entre générations et entre genres est souvent l'affaire des journalistes, bien plus que des auditeurs. Il y a tellement de mauvaises musiques acousmatiques et tellement de mauvaises musiques techno, que je crois qu'un auditeur un peu averti peut apprécier l'une et l'autre lorsqu'il est confronté à de bonnes musiques. Lorsque je dîne entre amis, il est rare que je mets de l'acousmatique, encore que les oeuvres de certains compositeurs supportent très bien le pot-au-feu ou la blanquette (mais surtout ne leur dites pas...)! Mais entre Matmos ou Pansonic et Dhomont ou Gobeil, je garderai ces derniers pour le cigare en fin de soirée. Et surtout pour le concert! 

[an error occurred while processing this directive]
[an error occurred while processing this directive]

© Tom Goldschmidt
Free
pics: www.bigfoto.com

 

Carte des Programmes (instruments, effets, séquenceurs, divers)

Formation M.A.O.

Boucles

Articles